Le WISE, lieu de rencontres de plusieurs mondes (le blog de P. Watrelot)
Paru dans Scolaire le samedi 08 novembre 2014.
C’est "tout le système éducatif" qui est interrogé par les débats du WISE sur la créativité, estime Philippe Watrelot. Le président du CRAP-Cahiers pédagogiques rapporte sur son blog les réflexions que lui inspirent son passage au "Sommet international pour l'innovation dans l'éducation" à Doha (Qatar) où il a été invité et il note que les mêmes constats valent au niveau international et en France : "dans de très nombreux systèmes et la France en est un exemple ultime, les programmes définissent non seulement ce qu’il faut apprendre mais aussi la façon de l’apprendre. Lorsqu’on est à ce point obsédé par les procédures, comment laisser de la place pour la créativité ? La question est donc aussi politique. Veut-on un enseignant concepteur ou créatif ou applicateur ? On n’a pas le choix. Dans un contexte de plus en plus incertain et changeant, on a besoin de créativité."
Le militant pédagogique se garde bien de porter un jugement politique sur la situation au Qatar, un pays qu'il a entrevu à travers les fenêtres de l'autocar, et sur le caractère "hors sol" de cet évènement mondial organisé d'ailleurs par des Français dans un pays lointain, même si la participation d'orateurs français y est réduite au minimum. Pour sa part, Luc Cédelle, qui n'y est plus invité, dresse un réquisitoire sans concession d'une entreprise évidemment politique. On sait d'ailleurs que ce petit Etat coincé entre deux grandes puissances régionales, l'Iran et l'Arabie saoudite, use de la manne gazière pour attirer l'attention du monde et pour faire évoluer sa société en prévision du jour où ses ressources seront épuisées. On sait aussi qu'il est peuplé à 90 % d'immigrés, et que ses citoyens se vivent, un peu à la manière des Romains du temps de Cicéron, comme une aristocratie soucieuse de préserver ses privilèges, donc son identité, donc ses traditions, y compris ses liens avec les forces religieuses les plus obscures, et en même temps sommée d'évoluer et d'entrer dans l'extrême modernité.
Philippe Watrelot évoque ce contexte, mais il s'efforce de rendre compte aussi fidèlement que possible de la teneur des débats, marqués par "une position anglo-saxonne où les fondations et le secteur privé interviennent fortement dans le secteur éducatif", ce qui est très éloigné de notre position française "où l’éducation apparaît presque comme une fonction régalienne et l’apanage de l’État central et indépendante de toute logique économique". Y sont aussi abondamment cités les penseurs occidentaux de l'éducation, de Dewey à Montessori en passant par Claparède et Piaget. Doha est bien le lieu d'une rencontre entre plusieurs mondes.
Le blog de Ph. Watrelot ici
Le blog de Luc Cédelle ici
La Lettre de ToutEduc de 2011, évoquant la "philosophie" de Doha ici et un article de 2010 ici