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Le regard, inquiet, d’un "Frénétiste" sur l’école d’aujourd’hui (Ouvrage)

Paru dans Scolaire le mercredi 03 juillet 2019.

"Il faut revenir aux fon-da-men-taux ! C’est le ministre de l’Education nationale lui-même qui le dit, il a forcément raison, non ?". Dans son livre, "Dessine-moi une école où il fait bon vivre", Cédric Forcadel, professeur des écoles et directeur d’une école élémentaire près de Rouen, n’hésite pas à entrer dans les débats qui fâchent. Rythmes scolaires, place des parents dans l’école, formation des enseignants, place des écrans… L’auteur revisite ces thèmes, au travers d’une quinzaine de chroniques qu’il intitule lui-même un "voyage en pédagogie".

Et, cette pédagogie, pour Cédric Forcadel, praticien à l’ICEM, c’est celle de Célestin Freinet. L’auteur est un "instit Freinet". Il s’interroge d’ailleurs dans un des chapitres sur ce qualificatif pas toujours facile à porter : "Se revendiquer Frénétiste, c’est donc revendiquer un métier qui ne soit pas celui, mécanique, de l’ouvrier sur une chaîne de production (d’élèves…), mais celui de l’artisan qui est maître de son ouvrage et des outils qu’il utilise. Cela peut évidemment poser problème…".

Le désir d’apprendre

Même s’il rappelle que "contrairement à Montessori, on ne peut pas parler de ‘méthode Freinet’", l’auteur donne malgré tout quelques indications pour ceux qui voudraient pratiquer cette pédagogie : "Ce qui est primordial, pour Célestin Freinet comme pour tous ceux qui participent à son mouvement, c’est de donner soif, autrement dit de travailler la question du désir d’apprendre." Et d’ajouter : "Quand Jean-Michel Blanquer, le ‘ministre des neurosciences à l’école’, affirme qu’il existe une science de l’éducation, nous lui rétorquons que cette science est vaine tant que l’enfant ne veut pas apprendre." 

A propos des "fondamentaux", il constate qu’il faudrait "être stupide pour prétendre que l’école ne doit pas apprendre à lire, écrire, compter" mais l’école ne peut pas "se limiter à cela, elle se doit de travailler la question culturelle. Pas la culture bourgeoise qui tombe d’en haut, venant écraser ceux qui en sont les plus éloignés. Mais la culture vue comme une éducation populaire, qui amène toutes et tous à découvrir, à explorer, créer, ressentir, partager, comprendre le monde et agir sur lui".

Personnalisation ou individualisation

Si l’utilisation de l’imprimerie dans les classes Freinet représentait "une parfaite illustration du matérialisme didactique", Cédric Forcadel s’interroge sur le rôle actuel des écrans : "L’utilisation du numérique peut s’avérer problématique, surtout lorsqu’elle est imposée dans les classes par la hiérarchie." Il s’inquiète : "Avec le numérique, on ne personnalise pas, on individualise. Si le numérique tel qu’il nous est présenté permet de proposer à chacun un parcours singulier d’enseignement, il oublie (volontairement ?) la dimension collective de la construction de savoirs et la nécessité, dans la formation du citoyen, de l’apprentissage de la coopération." Et d’en conclure : "Avec le numérique, on change tout pour… ne rien changer !".

"Dessine-moi une école où il fait bon vivre", Cédric Forcadel, Editions Vuibert, 14,90€.

(A paraître le 21 août).

Colette Pâris

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